Tuesday, July 1, 2008

Femmes de Juarez.....article interessant

Trois cents crimes parfaits , par Sergio González Rodríguez


Tueurs de femmes à Ciudad Juárez

C’est peut-être l’affaire la plus abominable de l’histoire criminelle de tous les temps. A Ciudad Juárez, ville frontière du nord du Mexique, jumelle d’El Paso (Texas), plus de 300 femmes ont été assassinées selon un rituel immuable : enlèvement, torture, sévices sexuels, mutilations, strangulation. Depuis dix ans, au rythme moyen de deux cadavres par mois, des corps de femmes, d’adolescentes et de fillettes, nus, meurtris, défigurés, sont découverts dans les faubourgs de la ville maudite. Les enquêteurs les plus sérieux pensent qu’il s’agit de l’oeuvre de deux « tueurs en série » psychopathes. Mais qui demeurent introuvables... Par Sergio González RodríguezUne des plus terrifiantes nouvelles de la littérature contemporaine raconte l’histoire d’un vampire qui, dans un camp de concentration, saigne l’un après l’autre ses compagnons d’infortune. Cette effrayante fiction s’intitule D’entre les morts, et ses auteurs, Gardner Dozois et Jack Dann, bataillèrent dur pour la faire publier aux Etats-Unis en 1982 : aucune revue de science-fiction n’osait la proposer à ses lecteurs. Elle était d’une imagination trop malsaine et excessivement atroce.
Si ce récit de vampires nous choque, sans doute est-ce parce que nous vivons dans un monde à peu près normal où de telles horreurs n’arrivent pas souvent. Cette histoire nous semblerait banale, en revanche, si nous vivions dans un univers où les pires crimes étaient acceptés : par exemple, séquestrer, violer, torturer, tuer... Un monde où les policiers protégeraient les assassins, seraient leurs complices, feraient accuser des innocents et menaceraient, voire élimineraient tout enquêteur... Un monde à l’envers, où les autorités fermeraient les yeux, les criminels seraient libres et les innocents martyrisés. Bref, un cauchemar. A un détail près : ce monde d’horreur est vrai, il fait partie de la réalité du Mexique. Aussi vrai que les victimes, les preuves et les témoignages que j’ai accumulés depuis de longues années.
La scène d’un des plus stupéfiants mystères criminels de tous les temps se nomme Ciudad Juárez, dans l’Etat de Chihuahua, à la frontière avec les Etats-Unis. Sa population, 1 300 000 habitants, est l’otage d’assassins sans visage. Ce qui s’y passe est une insulte aux droits humains. Depuis 1993, plus de 300 femmes y ont été enlevées, violées et assassinées. La majorité de ces femmes avaient des caractéristiques communes : une centaine au moins étaient issues de milieux pauvres, presque toujours ouvrières, toutes étaient menues, brunes et avaient les cheveux longs. La plupart n’ont pu être identifiées, toutes ont été victimes de violences sexuelles, et, sans exception, elles furent toutes étranglées...
Certains cadavres ont été trouvés dans des quartiers du centre-ville, d’autres découverts dans des terrains vagues de banlieue, mais une chose est sûre : toutes ont été tuées ailleurs, après avoir été parfois séquestrées pendant des semaines.... Le modus operandi des assassins est identique à celui des tueurs en série. Les meurtres se répètent, se ressemblent, les sévices sont les mêmes et concernent non seulement des femmes adultes, mais également des adolescentes, et même des fillettes d’à peine 10 ou 12 ans.
Pour toutes les femmes, Ciudad Juárez est devenu l’endroit le plus dangereux du monde. Nulle part, pas même aux Etats-Unis, où les serial killers sont légion, les femmes ne sont autant menacées. Dans le reste du Mexique, sur dix victimes de meurtres, une seule est une femme. A Ciudad Juárez, sur dix personnes assassinées, quatre sont des femmes... Et la série de crimes ne risque pas de s’arrêter, car, selon les Nations unies, l’impunité au Mexique est quasi totale.
Il n’existe qu’une arme pour combattre un tel fléau : la mémoire, le témoignage. Je ne me suis jamais senti aussi bouleversé qu’en me rendant sur les lieux où on a découvert les cadavres : c’était comme une quatrième dimension, un sentiment d’effroi à mi-chemin entre la réalité et l’hallucination.
Directrice d’une association contre la violence domestique, Mme Esther Chávez Cano pense que les meurtres vont se poursuivre, l’incompétence des autorités étant évidente. Pourtant, la police a arrêté un individu du nom de Jesús Manuel Guardado Márquez, alias « El Tolteca », ainsi que la bande de « Los Chóferes », accusés d’être les assassins. Mais ces arrestations n’ont pas modifié la conviction de Mme Chávez : « C’est un leurre. Ça ne change rien à la situation, les crimes vont continuer comme après l’arrestation de la bande de Los Rebeldes. A l’époque, on nous avait dit que c’étaient eux, les meurtriers. On a cru qu’on en avait fini avec ce cauchemar. Et regardez, on continue de trouver des cadavres de femmes violées, torturées... »
Selon Mme Chávez, cette situation est la répétition de celle de 1995 : la police avait alors arrêté un chimiste d’origine égyptienne, Abdel Latif Sharif Sharif, et l’avait accusé des crimes. Peu après, elle avait capturé une bande de jeunes malfrats, Los Rebeldes, complices supposés de Sharif Sharif.
Sharif Sharif est toujours détenu dans le quartier isolé de la prison de haute sécurité de Chihuahua, capitale de l’Etat. Accusé du meurtre d’une adolescente, Elisabeth Castro García, il a été condamné à trente ans de réclusion au terme d’un procès truffé d’irrégularités et en cours de révision. Quant à ses liens avec Los Rebeldes, les autorités ne sont jamais parvenues à les établir...
En utilisant le téléphone de la prison, Sharif Sharif a pris le risque d’interpeller, en 1999, le procureur général qui participait, en direct, à une émission télévisée. Il a clamé son innocence, affirmé sa certitude de n’être qu’un bouc émissaire et a mis le procureur au défi de le soumettre au détecteur de mensonges. Furieuses, les autorités ont placé l’Egyptien au secret... Son avocate, Mme Irène Blanco, a été menacée de mort, mais ne s’est pas laissé intimider. Son fils, Eduardo, a été la cible d’un attentat et a survécu par miracle. Mme Blanco a dû abandonner la défense de Sharif Sharif et a quitté la ville...
Selon le criminologue Oscar Máynez, au moins 60 assassinats commis entre 1993 et 1999 ont été conçus « sur le même modèle ». Il estime qu’il s’agit de meurtres exécutés par deux tueurs en série distincts. En 1998, le célèbre super-détective américain Robert K. Ressler, as du FBI, inventeur de l’expression « serial killer » et de la technique du « profilage » des tueurs en série (1), qui fut expert-conseil pour le film Le Silence des agneaux, de Jonathan Demme, est venu à Ciudad Juárez enquêter sur ces trois cents crimes. Dans son rapport, Ressler affirme que la plupart des meurtres de femmes sont bien l’oeuvre de deux serial killers qui ne seraient pas, selon lui, mexicains, mais, plus probablement, espagnols... ou chicanos des Etats-Unis. En 1999, l’une des plus grandes expertes mondiales en criminologie, Candice Skrapec (2), de l’université de Californie, confirma qu’environ 90 des meurtres avaient sans doute été commis par un ou deux tueurs en série. Elle pensait qu’Angel Maturino Reséndez (3), le fameux « assassin des chemins de fer », pouvait en être l’un des auteurs.
Pourquoi les cadavres ont-ils été défigurés et mutilés ? Pourquoi un tel acharnement sur les victimes, un tel sadisme barbare ? S’agit-il de rituels sataniques ? D’orgies perverses de narcotrafiquants ? De vendeurs d’organes ? De sacrifices humains pour le tournage de films-réalité (snuff movies) dans lesquels la victime est violée, torturée et tuée devant la caméra ? Les questions se succèdent à l’infini, sans que nulle enquête sérieuse ne vienne y répondre. Divers témoignages indiquent que les assassins auraient été protégés, dans un premier temps, par les policiers de Chihuahua. Ensuite, ils auraient bénéficié d’appuis dans les milieux du pouvoir liés au trafic de drogue.
A la fin de 1999, des cadavres de femmes et de fillettes furent retrouvés près de ranchs appartenant à des trafiquants de cocaïne. Cette coïncidence semblait établir des liens entre les homicides et la mafia des trafiquants, elle-même liée à la police et aux militaires. Mais les autorités refusèrent d’orienter l’enquête dans cette voie.
Depuis 1998, la Commission mexicaine des droits humains (CMDH) a émis des recommandations au sujet de ces centaines de meurtres de femmes auxquels l’Etat a prêté très peu d’attention. Un nom revient souvent parmi les suspects, celui d’Alejandro Máynez, qui aurait fait partie d’une bande de criminels, de receleurs et de trafiquants de drogue et de bijoux, également membre d’une riche famille propriétaire de boîtes de nuit. Il n’a jamais été inquiété.
Máynez, comme d’autres personnes soupçonnées, était, entre 1992 et 1998, le protégé du gouverneur de l’Etat de Chihuahua, M. Francisco Barrio Terrazas, du parti d’action nationale (PAN). Durant le mandat de celui-ci, les meurtres de femmes se sont multipliés et se sont ajoutés aux violences habituelles de cet Etat, le plus violent du Mexique. A l’époque, M. Barrio Terrazas déclarait que ces meurtres n’avaient rien de surprenant parce que les victimes se promenaient dans des endroits sombres et portaient des minijupes ou d’autres tenues aguichantes... Malgré cela, le président Vicente Fox (4), élu en décembre 2000 sous l’étiquette du PAN, a nommé M. Barrio Terrazas à la tête du ministère de la fonction publique et du contrôle des comptes, dont la mission est de « combattre la corruption et de rendre transparente la gestion de l’administration publique ».
Ciudad Juárez se caractérise par ses nombreuses usines de sous-traitance où une main-d’oeuvre à bas prix assemble des produits destinés à l’exportation. Venant principalement de l’intérieur du pays, cette main-d’oeuvre est surtout composée de femmes. Ce sont elles qui font vivre les familles, ce qui perturbe les traditions machistes et patriarcales. En s’immergeant dans le travail, les femmes tentent de s’évader de la pauvreté.
La plupart des victimes étaient ouvrières, elles ont été surprises alors qu’elles se rendaient à leur travail ou retournaient chez elles. Dans les faubourgs, des bandes de délinquants et de toxicomanes les attendaient. Depuis les années 1920, Ciudad Juárez a connu un essor des loisirs nocturnes et du tourisme. Ici fut créé, en 1942, le fameux cocktail Margarita. Les abords du vieux pont international sont entièrement consacrés aux plaisirs : jeux, sexe, alcool. Cette atmosphère, où les sonos des voitures hurlant des chansons américaines se mêlent à du rock heavy metal, du rap ou de la techno, encourage la consommation de stupéfiants. Cela pousse aussi, semble-t-il, au meurtre. Car la vague d’homicides a engendré une sorte d’émulation misogyne et transformé ces tueries sporadiques en une véritable obsession criminelle : des individus guettent dans l’ombre et commettent des assassinats par pur désir d’imitation. C’est le règne des brutes, des pervers, des psychopathes. Beaucoup de jeunes « machos » estiment que la violence contre les femmes est un devoir. Ils rôdent la nuit en voiture, à la recherche d’une proie...
Hester van Nierop, une étudiante néerlandaise de 18 ans, fut ainsi enlevée, le 20 septembre 1998. Douze heures plus tard, on retrouvait son cadavre sous le lit d’une chambre de l’hôtel Plaza. Elle avait été violée, torturée et étranglée.
Lilia Alejandra García Andrade, 17ans et mère de deux enfants, disparut le 14 février 2001 en sortant de l’usine. Son cadavre fut retrouvé sept jours plus tard dans un terrain vague en face du centre commercial Plaza Juárez. Il était à moitié nu et enveloppé dans une couverture. L’autopsie révéla que la jeune femme était morte le 19 février. Avant d’être étranglée, elle avait été violée, torturée, mutilée pendant cinq jours...
Violeta Mabel Alvidrez Barrio, 18ans, fut enlevée le 4 février 2003. Son cadavre fut retrouvé, avec celui de deux autres jeunes filles, âgées de 16 et 17 ans, quinze jours après. Mais sa mort ne remontait qu’à trois ou quatre jours, ce qui veut dire qu’elle était restée à la merci de bourreaux sadiques et psychopathes pendant plus de dix jours...
Le procureur de la République considère que tous ces homicides sont des délits ordinaires ou liés peut-être à des trafiquants d’organes (5). Il y a deux ans, un député de Ciudad Juárez me confiait, préoccupé : « Cela ne m’étonnerait pas que le gouverneur ait donné l’ordre à un groupe de la police judiciaire de se charger d’occulter ces meurtres de femmes. » Il faisait allusion à l’actuel gouverneur, M. Patricio Martínez, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), celui qui, en janvier 2001, avait lui-même été victime d’un attentat, et avait accusé la mafia locale. La femme qui avait tenté de le tuer était une ancienne fonctionnaire de la police judiciaire...
Mme Maria Sáenz, du Comité de Chihuahua Pro Derechos Humanos, m’a fait part d’une observation : avant 2001, les cadavres des victimes violées et étranglées étaient toujours retrouvés, mais, depuis que les enquêtes se multiplient, les corps disparaissent purement et simplement. Les associations ont recensé près de cinq cents disparues, alors que les cadavres retrouvés dépassent à peine le nombre de trois cents...
Faire disparaître les corps des femmes assassinées est devenu une spécialité de la mafia locale. Le procédé usuel s’appelle lechada, un liquide corrosif, composé de chaux vive et d’acides, qui dissout rapidement les chairs et les os sans laisser la moindre preuve. « Nulle trace », telle est la consigne secrète. Réduire à néant, effacer, gommer, tels sont les maîtres mots.
Le 6 novembre 2001, les corps nus de trois jeunes femmes furent découverts dans un champ de coton dans la périphérie de la ville. L’une d’entre elles était mineure, avait les mains liées dans le dos et avait été égorgée. Le jour suivant, en élargissant les recherches, les restes de cinq autres victimes furent mis au jour. Pressée de trouver des coupables, la police de Chihuahua arrêta deux individus qui, sous la torture, avouèrent être les auteurs des huit crimes. Le procureur, M. Arturo González Rascón, annonça que l’affaire était résolue. Sans qu’aucune véritable enquête ne soit menée, il soumit les deux inculpés à une procédure pénale. Le 14 novembre, au mépris de toute règle du droit et sous la pression de la rue, un juge complice des autorités locales émit un mandat de dépôt. Entre la découverte des cadavres et l’acte judiciaire, une semaine à peine s’était écoulée. Pendant ce temps, les véritables coupables restaient en liberté.
La série noire a donc continué. Ce même jour, 14 novembre, deux autres cadavres de jeunes filles étaient retrouvés : l’un au Motel Royal, l’autre dans le village de Guerrero. Cinq jours plus tard, dans les faubourgs de la ville, on découvrait le corps à moitié nu d’une autre femme de 21 ans, Alma Nelly Osorio Bejarano, torturée et étranglée.
Il n’existe aucun registre pour répertorier les centaines de meurtres de femmes commis à Ciudad Juárez. Les autorités ont l’habitude d’abandonner très vite les recherches : plus de trois mois après la découverte des cadavres des huit femmes dans un champ de coton, des promeneurs ont retrouvé des vêtements et des objets appartenant aux victimes... Cela révèle l’incroyable désinvolture des policiers. Le gouverneur Patricio Martínez a regretté l’inaction de son prédécesseur, Francisco Barrio Terrazas, lequel n’aurait laissé que des « sacs d’os » et « aucun dossier sur les affaires de meurtres ». Mais lui-même a-t-il fait mieux ?
Les autorités prétendent que, de 1992 à 1998, douze affaires de « meurtres en série de femmes » et 99 cas de « crimes ordinaires » (passionnels, sexuels, familiaux, vengeances, règlements de compte, liés au trafic de drogue, commis lors de vols, de rixes, ou pour des motifs inconnus) ont été « résolus ». D’octobre 1998 à février 2002, ont été commis 20 « meurtres en série de femmes » et 71 « assassinats ordinaires ». Pour les premiers, 15 seraient « pratiquement résolus » et 5 en cours d’enquête ; pour les seconds, 53 auraient été « élucidés » et 18 seraient « sur le point de l’être ».
Mais peut-on croire les autorités ? Il faut rappeler que les expressions « meurtres résolus » ou « en cours de résolution » sont des tromperies, car il ne s’agit que d’interpellations de personnes mises en examen. La stratégie des différents gouverneurs pour « résoudre » les meurtres en série de femmes à Ciudad Juárez a conduit à une suite de manipulations et de dissimulations consistant à inculper des innocents ; comme cela a été le cas pour les deux accusés des huit meurtres du 6 novembre 2001.
Autre méthode des autorités : faire assassiner ceux qui prennent la défense des faux coupables. L’avocat Mario César Escobedo Anaya a ainsi été exécuté par un commando qui a admis les faits et a cependant été relâché sous prétexte qu’il « défendait » des agents de la police judiciaire de l’Etat de Chiuahua, dont le chef, le commandant Alejandro Castro Valles, avait coutume d’arrêter sans mandat et de torturer des innocents...
Avocats, juges, procureurs, journalistes ont reçu des menaces de mort pour les dissuader de poursuivre leurs enquêtes sur les homicides de femmes. Certains opposants au gouverneur Patricio Martínez ont également été menacés afin qu’ils arrêtent de protester : les militantes Esther Chávez Cano et Victoria Caraveo, ou encore le criminologue Oscar Máynez.
Les meurtres en série de Ciudad Juárez mêlent l’atmosphère trouble de la frontière et ses milliers de migrants, ses industries de sous-traitance, la faillite des institutions et aussi la violence patriarcale, l’inégalité, les négligences du gouvernement fédéral, etc. Mais, par-dessus tout, cette ténébreuse affaire révèle la toute-puissance des narcotrafiquants et la solidité de leurs réseaux d’influence. Les liens entre le milieu criminel et les pouvoirs économique et politique constituent une menace pour l’ensemble du Mexique.
Les documents et les témoignages dont je dispose sont accablants pour les autorités. Ils prouvent que certains meurtres de femmes sont commis lors d’orgies sexuelles par un ou plusieurs groupes d’individus, dont des assassins protégés par des fonctionnaires de différents corps policiers, en complicité avec des personnes haut placées, à la tête de fortunes acquises le plus souvent illégalement grâce à la drogue et à la contrebande, et dont le réseau d’influence s’étend comme une pieuvre sur l’ensemble du pays. C’est pourquoi ces crimes odieux jouissent d’une telle impunité.
Selon des sources fédérales, six gros entrepreneurs d’El Paso, du Texas, de Ciudad Juárez et de Tijuana commanditeraient des sicaires chargés d’enlever des femmes et de les leur amener pour les violer, les mutiler et les tuer (6). Le profil criminologique de ces meurtres s’approcherait de ce que Robert K. Ressler a appelé des « meurtres pour s’amuser » (spree murders). Les autorités mexicaines connaîtraient ces activités depuis longtemps, et refuseraient d’intervenir. Il aura fallu attendre le 22 juillet 2003 pour que le gouvernement fédéral s’implique dans la ténébreuse affaire de Ciudad Juárez et lance un plan de coordination policière entre les enquêteurs nationaux, départementaux et municipaux.

Pendant ce temps, les homicides continuent. A cet instant même, une femme est peut-être en train de mourir sous la torture à Ciudad Juárez...


Sergio González Rodríguez

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